Fidélités et nouveautés
XIVe-XVIIe s.
Après les débuts florissants, vient le temps des épreuves et des longues fidélités. La vie monastique se poursuit, mais elle n’occupe plus le devant de la scène. Si parfois la richesse des monastères en fait des enjeux de pouvoir, si l’installation peut s’accompagner d’un engourdissement spirituel, cette moindre visibilité n’est pas forcément un signe de décadence. Au cours des siècles, à travers les guerres et les changements sociaux, les moines de Cîteaux vivent, prient et travaillent. Ils continuent de cultiver de manière exemplaire leurs domaines, forêts, étangs et vignes.
Après le Concile de Trente, un profond renouveau spirituel se manifeste à travers l’Eglise. Dans l’ordre cistercien, il se manifeste au XVIIe siècle par le mouvement de l’Estroite Observance. Certains abbés œuvrent pour retrouver des pratiques qui avaient été abandonnées : dortoirs plutôt que cellules, abstinence de viande, insistance sur le silence et l’office divin. Ils introduisent aussi de nouvelles pratiques spirituelles (oraison mentale ou même pèlerinages). Ce mouvement suscite des tensions entre les monastères réformés et les autres : c’est la querelle des observances dont les débats parfois houleux se sont tenus dans le définitoire de Cîteaux.
L’abbaye de Cîteaux est alors un enjeu politique et son rôle comme pôle d’unité de l’ordre est trop important pour qu’elle puisse prendre parti dans ce conflit.
Dans le mouvement de l’Etroite Observance, la figure de l’abbé de Rancé émerge particulièrement : la réforme austère qu’il met en œuvre à la Trappe donne son nom aux trappistes dont les moines de Cîteaux sont aujourd’hui les héritiers.